Revue littéraire : La civilisation du poisson rouge de Bruno Patino

Président d’Arte, Bruno Patino est un spécialiste des médias et du numérique.

Lepoint : Bruno Patino, dans son bureau d’Arte, à Issy-les-Moulineaux, en décembre.

L’auteur nous livre dans son Petit traité sur le marché de l’attention une analyse de notre rapport aux réseaux sociaux et sur “l’économie de l’attention”.

FoMo

Il expose plusieurs de nos problèmes et dépendances telles que la nomophobie (la peur de quitter son portable) ou encore la “Fear of Missing Out” (FoMo), la peur de rater quelque chose.

Ces peurs sont exploitées de la plus précise des manières par les algorithmes de sorte à répondre à nos besoins. Parmi les exemples cités par Bruno Patino, on retrouve le système de notifications qui permet d’apaiser la peur de rater un évènement : une nouvelle publication, un commentaire ou une mention.

L’économie de l’attention

Plus encore, les algorithmes profitent de nos failles psychiques, celles d’une dépendance et d’une servitude aux réseaux sociaux. L’économie de l’attention se concentre essentiellement sur ça. On peut citer les trois petits points qui s’affichent quand l’autre personne écrit : tous les moyens sont bons pour nous faire rester sur la plateforme.

Une célèbre expérience menée en 1931 par des chercheurs d’Harvard avait tenté de montrer les comportements de dépendance liés aux jeux avec des rongeurs. Le nouveau rapport aux réseaux sociaux calque ce comportement grâce à un élément : le système de récompense aléatoire. Le comportement devient compulsif car il naît d’une incertitude et c’est là qu’il devient une addiction.

« Son conditionnement avait fait naître sa servitude au mécanisme ».

page 29.

Le philosophe Byung-Chul Han, dans son livre Dans la nuée parlait « d’auto-asservissement ». On ne sait plus quoi faire sans activité numérique et là encore, les grands groupes profitent de cette faille à travers notamment les notifications.

Les informations de l’utilisateur l’emprisonnent, les algorithmes le noient dans sa propre vision du monde. La volonté est ici de créer une réalité qui nous soit conforme.

« Nous sommes devenus des mines que forent les outils numériques ».

page 78

Les biais cognitifs

Ils sont définis comme une déviation, une pensée trompeuse de l’information. Et dans le monde numérique, c’est bien eux qui encouragent “l’empire des croyances“. Les idées et opinions sont polarisées. Le côté extrême est particulièrement accentué dans les prises de positions. En effet, les biais cognitifs encouragent plus une réponse émotionnelle que rationnelle. Sur les réseaux sociaux, moins on sait plus on affirme.

Les messages sur les plateformes numériques sont tous soumis à cette logique plutôt émotionnelle que rationnelle, “l’information sérieuse est intrinsèquement défavorisée“.

S’en sortir

Personne n’est conditionné et il y a toujours une sortie au tunnel. Il faut pouvoir adopter une nouvelle sagesse et réformer en profondeur son rapport au numérique.

La liberté s’exerce dans la maîtrise

page 141

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