Témoignage : mon expérience Erasmus en Suède

Étant étudiante à Sciences Po Bordeaux, j’ai la chance de pouvoir faire ma deuxième année dans une université à l’étranger. Mon choix s’est porté sur les pays Scandinaves, que je souhaitais découvrir depuis longtemps. J’ai été acceptée dans l’université de Södertörn, qui se trouve un peu au sud de Stockholm. À travers cet article, je désire témoigner de mon expérience sur la vie en Suède et au sein du système universitaire suédois. 

Les formalités administratives

Sciences Po prenant en charge la majorité des démarches, j’admets que je n’ai pas eu à faire grand-chose. Je ne suis donc pas en mesure de conseiller quelqu’un sur le chemin à suivre pour faire un Erasmus à partir d’une université classique. Je peux cependant vous apporter quelques infos : 

– Vous devrez impérativement compléter un « Learning Agreement » qui catalogue tous les cours que vous suivez à votre université d’accueil. C’est un document très important, qui atteste des crédits validés à chaque semestre et donc vous permet de passer l’année. 

– La Suède étant un pays de l’Union Européenne, vous n’avez pas besoin de visa ou de permis de résidence pour y étudier. 

– Avant de partir, pensez à commander sur le site Ameli une Carte Européenne d’Assurance Maladie, qui vous permettra, au cas où vous aurez besoin d’aller chez le docteur, de payer une consultation au même prix que les suédois.

– En ce qui concerne le logement, la majorité des universités suédoises propose des logements aux étudiants internationaux. C’est lors de votre inscription que vous recevrez des propositions. Sinon, je connais quelques personnes qui logeaient en AirBNB. Vous pouvez toujours essayer de trouver un appartement vous-mêmes, mais il paraît que c’est compliqué – et cher. 

Que préparer ?

Alors que vient l’heure du départ, il faut penser à ce que vous allez mettre dans votre valise. L’année scolaire commence fin août : il fait encore une moyenne de 20 degrés ; mais l’hiver arrive tôt et la température peut descendre jusqu’à -15. Prendre des chaussures de ski et des équipements thermiques est nécessaire. Les housses à vêtement sous-vides sont vos meilleurs amis pour gagner de la place. Par ailleurs, emportez des doses de Vitamine D : le soleil se couche à 14h30 en hiver et les carences sont fréquentes. 

Ensuite, allez peut-être consulter votre banque pour savoir si vous risquez d’être exposé à des frais supplémentaires (la monnaie de la Suède n’est pas l’euro). Pour ce qui est des forfaits de téléphone, ça dépend des opérateurs. Je suis chez Sosh et j’ai droit à 20G + SMS et appels illimités. Certaines nationalités sont forcées de prendre une SIM suédoise, mais ça n’a été le cas d’aucun français de ma connaissance. 

Une fois vos valises bouclées, il est temps de s’envoler. J’ai effectué tous mes vols depuis la France avec Transavia, pour des sommes plus ou moins onéreuses – ça dépend notamment du nombre et du poids de vos valises. Comptez aux alentours de 150€ pour un aller simple. 

Mon université

L’université de Södertörn est située à 20min en train de banlieue de Stockholm. Elle compte plus de 10000 élèves et est spécialisée dans les sciences humaines, les études liées aux médias, les sciences environnementales et les sciences de l’éducation. Le campus est agréable, la bibliothèque grande et chaleureuse. Ils accompagnent bien les démarches administratives avant et après l’arrivée.

Vue sur le parvis de l’université depuis la bibliothèque ©

Si je devais donner un bémol, c’est le manque d’intégration des élèves internationaux aux élèves suédois. Ces derniers étant assez réservés, ils ne viennent pas vers vous directement – même au sein du pub de l’université. L’association ESN (Erasmus Student Network, https://www.soders.nu/esn) ne sert qu’à avoir des réductions pour des voyages et des soirées. A part ça, il n’y a pas d’autres associations proposées. 

Les logements proposés par l’université sont près du campus, d’un supermarché et de la station de train qui vous emmènera à Stockholm. Vous pouvez choisir entre deux options. D’abord, un studio dans des chalets perdus dans la forêt, où logent 60 autres Erasmus que vous pourrez rencontrer au sein des cuisines communes. Ce type de logement, dit “korridor”, se fait beaucoup en Suède. Sinon, un petit appartement individuel, sans cuisine commune, dans un immeuble plus près de l’université. Je recommande la première option si vous voulez faire des rencontres facilement, et la seconde si vous vous souciez plus du calme et de votre confort personnel. 

Le système universitaire suédois

Le système suédois est beaucoup, beaucoup plus agréable à vivre que le système français. C’est en partie pour ça que j’ai choisi la Suède – je voulais des vacances après ma première année. Pour faire simple, les semestres sont découpés en 4 périodes d’1 mois. Chaque période est consacrée à un cours et se clôture par l’examen qui lui est lié. En somme : pas de semaines de partiels et de révisions d’arrache-pied, car la plupart des examens se font à la maison, avec des délais de plusieurs jours. L’échelle de notation va de A à F, F étant la seule note équivalant à l’échec. Il faut vraiment forcer pour ne pas valider un cours. 

En outre, votre emploi du temps sera très léger : pas plus de 6h de cours en présentiel par semaine. Par contre, le système exige beaucoup de travail personnel pour préparer chaque séance, sous la forme de lectures, de présentations orales et de petits essays. Mais, je vous assure que comparé à la France, si vous savez vous organiser, vous aurez énormément de temps libre pour des escapades à Stockholm ou ailleurs. 

Les délais d’inscription à Södertörn s’étalent jusqu’au 1er mai. Je vous encourage à aller voir leur site si vous êtes intéressés : https://www.sh.se/english/sodertorn-university/student/prospective-students/application-for-exchange-students

Les commodités

La langue

Les suédois parlent tous très bien anglais. Apprendre le suédois n’est pas nécessaire, sauf pour gagner des ECTS supplémentaires. Vous enregistrerez le vocabulaire de base en vous baladant ou en allant faire vos courses : Hej (Salut), Tack (Merci) et c’est à peu près tout.

Les germanistes s’apercevront que le suédois est un mélange entre l’anglais et l’allemand, avec des K et des G partout. Les règles de grammaire et de conjugaison ne sont pas très compliquées, mais la prononciation est dure à maîtriser. Avec 8 séances de cours en septembre, je suis capable de lire et de comprendre la plupart des inscriptions, mais je ne pourrais jamais déchiffrer ce que disent les gens dans le métro ou dépasser le stade de la présentation basique à l’oral. 

L’argent

La monnaie suédoise est le SEK, ou « krona. » 10 SEK = moins d’1€. Pas besoin de retirer de billets avant de partir : tout le pays est « cashless » et utilise uniquement la carte bancaire. Globalement, les prix sont égaux ou supérieurs à ceux de la France (le gruyère râpé à 6€ ? Non, vous ne rêvez pas). 

Les transports

Sur Stockholm, le réseau de transports (métro, tramways, bus, ferrys, train de banlieue) est très performant mais l’abonnement est cher : comptez 180€ pour trois mois avec le tarif étudiant (aïe). 

La santé

Je vous souhaite de ne pas tomber malade, car le système est kafkaïen pour quelqu’un qui ne bénéficie pas de la nationalité suédoise. Déjà, il n’existe pas de docteurs libéraux : tous sont réunis dans des cliniques qu’on trouve dans chaque commune, ouvertes du lundi au vendredi.

Avant toute chose, vous devez aller sur place une première fois pour demander un « numéro de réservation » qui remplace le numéro d’identité des suédois. Ensuite, il s’agit d’appeler le numéro de la clinique : vous tomberez sur un serveur vocal qui vous donnera une heure à laquelle on vous rappellera pour prendre un rendez-vous. Ce n’est que lors de ce deuxième appel, avec une vraie personne cette fois, que vous pourrez enfin décrire ce qui vous tracasse. On vous dirigera alors vers une infirmière ou vers un spécialiste en fonction de votre demande.

Mon expérience (et les avis Google) m’a démontré que les cliniques de quartier sont franchement nulles. Je recommande la clinique Hedda & Hector, à 5min à pied de la station Stockholm City. Ils donnent des rendez-vous rapidement et sont à l’écoute. 

Le mode de vie suédois

Ne vous attendez pas à être très dépaysé : la Suède est un pays très « européen. » Ça se reflète notamment dans la gastronomie, qui n’est pas très vaste ou élaborée – mises à part les boulettes IKEA, of course. Toutefois, les boulangeries disposent d’une grande variété de gâteaux pour le FIKA, la pause-café suédoise. Les roulés à la cannelle sont les plus connus. 

Si je devais caractériser les suédois, je dirais qu’ils sont réservés, polis et qu’ils aiment leur espace personnel. Même si une place est libre à côté de vous dans le métro et que ce n’est pas l’heure de pointe, ils préfèrent rester debout. Aussi, il est important de le noter : depuis une réforme au siècle dernier, plus personne n’utilise les noms de famille. Après un semestre, j’ai toujours du mal à appeler mes professeurs par leur prénom ; mais c’est ce qui est d’usage, et ils sont gênés si vous les appelez « Miss » ou « Sir. » 

Stockholm

J’aime beaucoup Stockholm. La ville est constituée de plusieurs îles : Norrmalm et Östermalm, le centre dynamique et le quartier aisé ; Gamla Stan, la vieille ville ; Djurgarden, l’île aux musées ; Södermalm, le quartier branché. Les rues mêlent le médiéval au contemporain ; l’architecture scandinave, avec ses bâtiments aux façades colorés, a du charme.

Je commencerai par louer la nature, qui recouvre 90% du territoire suédois. Les occasions de balade en forêt, en kayak et d’excursions dans l’Acrhipelago sont nombreuses. Vous trouverez partout des lacs où vous baigner en été (mais attention aux tiques). 

La vie culturelle est aussi très vivante à Stockholm. La ville compte d’innombrables musées, la plupart gratuits aux 18 ans et moins (ou gratuits tout court). Je recommande le National Museum, le Moderna et le Millesgarden ; ainsi que le musée ABBA si vous êtes un fan. L’opéra royal donne souvent des représentations pour moins de 15€. Sinon, il faut évidemment visiter le Palais Royal, qui n’est pas nécessairement incroyable vu de l’extérieur mais en impose à l’intérieur. 

On a vu mieux en termes de Palais Royal

Pour ce qui est, enfin, de la vie nocturne, je n’ai pas eu de grandes occasions de sortir et je n’aime pas les boîtes de nuit, alors je ne peux pas faire de recommandations. Il faut cependant savoir que l’alcool est vendu dans des magasins spécialisés et qu’il faut avoir 20 ans pour en acheter (18 dans les bars). Les boîtes de nuit sont elles aussi souvent fermées aux moins de 20, voire 23 ans. En outre, je dois dire qu’on se sent bien plus en sécurité à Stockholm que n’importe où en France. Personne ne siffle pas les filles, et on peut laisser ses affaires sans surveillance sans risque de se les faire voler. 

Pour conclure

Je pense que Stockholm est une destination Erasmus agréable, que je recommande à ceux qui veulent avoir du temps libre à côté de l’aspect purement académique. En effet, je n’ai pas évoqué les nombreux voyages que j’ai pu effectuer et effectuerai avant de retourner en France – en Suède même (Göteborg, Malmö, Uppsala) et en Europe (Copenhague, Helsinki, Tallinn, Varsovie, Vienne, la Norvège et l’incontournable Laponie !) – des occasions qui ne se représenteront plus à moi par la suite, et dont j’ai donc profité au maximum ! 

Globalement, je pense que si vous en avez l’occasion, il ne faut pas hésiter. Une année à l’étranger permet de mieux connaître et développer certaines facettes de vous-mêmes : responsabilité, indépendance, débrouillardise. Vous rencontrez des gens qui vivent aux quatre coins du monde ; vous vous enrichissez en découvrant une nouvelle culture. C’est quelque chose d’inoubliable. Alors foncez !

Rédactrice en Chef du Blog et du site Cours ; Étudiante à Sciences Po Bordeaux