Alors qu’il y a 60 ans, l’Algérie devenait indépendante, Emmanuel Macron s’est rendu le week-end dernier dans l’ancienne colonie française. L’objectif de sa visite : renforcer et apaiser la relation entre la France et l’Algérie.
Le poids d’une histoire commune conflictuelle
En 1830, l’armée française débarque en Algérie et entame la colonisation du pays. Même si ce n’est pas la seule, cette colonie a un statut particulier pour les français. Proche de la métropole, elle devient une colonie de peuplement (des français viennent s’y installer) et obtient le titre de département français. Le rapprochement est tel que le 1er décembre 1954 François Mitterand déclare que “L’Algérie, c’est la France“.
Toutefois, la situation est plus compliquée. À partir de 1954 commence la guerre d’indépendance algérienne qui oppose des nationalistes algériens à l’État français. Après presque huit années de guerre, longtemps présentées comme les événements d’Algérie par la France, le pays obtient son indépendance. Les Accords d’Evian qui mettent fin au conflit sont signés le 18 mars 1962.
Depuis cette indépendance, dont on fête les soixante ans cette année, la relation entre la France et l’Algérie a connu une succession de crises et de réconciliations. Des questions comme celle de la mémoire du conflit restent très problématiques entre les deux pays.
Emmanuel Macron et l’Algérie : entre gestes mémorielles et tensions diplomatiques
Premier président né après la guerre en Algérie, Emmanuel Macron a été source d’espoir et de désespoir quant à la relation avec l’ancienne colonie. Depuis le début de son mandat, il multiplie les gestes symboliques autour de la mémoire du conflit dans le but d’apaiser les tensions. Il a notamment qualifié en février 2017 la guerre en Algérie de “crime contre l’humanité”.
Toutefois, l’absence d’excuses du président français vis-à-vis de l’Algérie ainsi que sa remise en question de l’existence d’une “nation algérienne” a été source de problèmes. De plus, depuis près de 20 ans, les dirigeants algériens s’appuient sur un discours virulent anti-français pour stabiliser leur propre pouvoir.
L’affaire des Visas : blocage dans la relation entre la France et l’Algérie
À l’automne 2021, la relation entre la France et l’Algérie connait une perturbation importante. En effet, suite aux réticences du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie de rapatrier des ressortissants expulsés de France, le gouvernement décide de limiter l’octroi de visas aux membres de ces trois pays. Le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens est alors diminué de moitié.
Visite d’Emmanuel Macron : l’apaisement de la relation entre la France et l’Algérie ?
Après plusieurs mois de tensions, liés notamment à l’affaire des visas, Emmanuel Macron s’est rendu en Algérie du 25 au 27 août dernier. Par le biais de plusieurs rencontres avec le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, le président français veut apaiser la relation entre les deux pays. À la fin de ces quelques jours, ils ont ainsi fait une déclaration commune qui indique une volonté de coopérer pour “faire face aux nouveaux défis globaux”, selon un communiqué de l’Élysée du 27 août.
Dans cette déclaration, les deux présidents font part de plusieurs décisions communes, notamment l’accueil en France de 8000 étudiants algériens supplémentaires. Pour superviser ces nouveaux accords, les deux présidents ont également annoncé la création d’un Haut conseil de coopération.
“Le Haut Conseil de Coopération supervisera les activités des différents mécanismes de la coopération bilatérale et donnera les grandes orientations sur les principaux axes de coopération, sur les actions concrètes de partenariat et en évaluera la mise en œuvre.“
Déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie, 27 août 2022
Enfin, pour la question essentielle de la mémoire, une commission d’historiens (algériens et français) va être mise en place dans les prochaines semaines.
Si cette rencontre semble avoir porté ses fruits et vu naitre une relation plus apaisée entre les deux pays, celle-ci reste fragile notamment vis-a-vis de la question mémorielle.
