La Seconde Guerre mondiale à travers des témoignages
Avant d’être une source d’inspiration littéraire, la Seconde Guerre mondiale a surtout bouleversé la vie de millions d’individus à travers le monde. Lire un témoignage, c’est se donner l’occasion d’imaginer, à travers les mots d’un survivant, ce que l’on peut vivre en temps de conflit.
Si le témoin s’est fait violence et a choisi de témoigner, c’est pour les jeunes d’aujourd’hui, pour les enfants qui naîtront demain : il ne veut pas que son passé devienne leur avenir.
Elie Wiesel (auteur et survivant de la Shoah)
Un sac de billes, Joseph Joffo
Résumé : Un sac de billes, c’est l’histoire de deux frères juifs en pleine occupation. Forcés de quitter leurs parents, ils traversent la France pour se rendre en zone libre dans le sud. À travers les yeux de Joseph, l’aîné, le roman retrace leur voyage mais aussi leurs rencontres, leurs peurs et leurs espoirs.
Critique : Comment vit-on la guerre quand on n’a que 10 ans ? Voilà ce que nous raconte ce livre qui pose un regard d’enfant sur un conflit mondial. De la discrimination à la violence physique, Joseph Joffo partage son expérience, vécue aux côtés de son frère. Un sac de billes c’est aussi et surtout un livre sur l’amour fraternel et l’entraide dans les moments difficiles. Je ne peux que vous conseiller ce livre qui donne l’impression de parcourir la France aux côtés du narrateur tout en montrant la dureté de la vie durant la guerre, en particulier en tant que juif.
Le petit + : Pour compléter votre lecture, je vous recommande l’adaptation éponyme du livre au cinéma. Réalisé par Christian Duguay, le film met en image les émotions du livre avec un excellent casting et deux acteurs, incarnant les deux frères, qui ne laissent pas indifférents.
La nuit, Elie Wiesel et Si c’est un homme, Primo Levi
Résumé : Elie Wiesel et Primo Levi, tous deux survivants de l’Holocaust, témoignent dans ces deux ouvrages essentiels de la vie en camp d’extermination.
Critique : Deux livres forts. À lire pour ne pas oublier. Deux expériences qui se répondent pour partager l’horreur.
Jamais je n’oublierai ce silence nocturne qui m’a privé pour l’éternité du désir de vivre.
Elie Wiesel
Aucun de nous ne reviendra, Charlotte Delbo
Résumé : Comme Wiesel et Levi, Charlotte Delbo a connu les camps d’extermination et en est revenue. Elle met en mots ce qu’elle a vécu dans plusieurs ouvrages dont l’un d’entre eux s’intitule Aucun de nous ne reviendra.
Critique : Ce qui marque dans ce livre, au-delà du témoignage poignant, c’est l’écriture. Charlotte Delbo ne fait pas le récit de son expérience, de son arrivée à son départ des camps. L’auteure rédige une succession de courts textes, pouvant aller d’une phrase à quelques pages. Décousu, ce récit livre la souffrance comme une succession de souvenirs traumatisants.
Ils attendent le pire – ils n’attendent pas l’inconcevable.”
Charlotte Delbo
La Seconde Guerre mondiale en fictions
Si certains survivants du conflit ont posé des mots sur ce qu’ils ont vécus, beaucoup de livres sur la Seconde Guerre mondiale sont issus de l’imagination d’auteurs contemporains. J’en ai sélectionnés plusieurs qui m’ont particulièrement marquée.
La part de l’autre, Eric-Emmanuel Schmitt
Résumé : La part de l’autre, c’est un récit en deux temps. Deux histoires en miroir. D’un côté, l’Histoire, avec un grand H, d’Adolf Hitler telle qu’on la connait aujourd’hui. De l’autre, l’histoire d’Adolf H., celui qui n’a pas été refusé à l’école des Beaux-Arts. Celui qui ne deviendra jamais le Führer.
Critique : Véritable coup de cœur, ce livre n’est pas seulement le récit de la vie de deux hommes, aussi similaires qu’opposés. Ce roman, c’est un questionnement sur le mal et l’humanité. Naît-on mauvais ou sommes-nous seulement le résultat d’une succession d’expériences et de choix ? On ne ressort pas vraiment le même de cette lecture – du moins ce ne fut pas mon cas.
L’erreur que l’on commet avec Hitler vient de ce qu’on le prend pour un individu exceptionnel, un monstre hors norme, un barbare sans équivalent. Or, c’est un être banal. Banal comme le mal. Banal comme toi et moi. Qui sait d’ailleurs si demain ce ne sera pas toi ou moi ? Qui peut se croire définitivement à l’abri ? A l’abri d’un raisonnement faux, du simplisme, de l’entêtement ou du mal infligé au nom de ce qu’on croit le bien ?
Eric-Emmanuel Schmitt
Elle s’appelait Sarah, Tatiana de Rosnay
Résumé : Paris, mai 2002. Julia Jarmond, journaliste américaine installée à Paris, couvre les soixante ans de la rafle du Vel d’Hiv. Elle découvre alors l’histoire de Sarah, dix ans, une jeune fille juive dont les parents sont arrêtés en pleine nuit. Julia se plonge dans la vie de cette fillette, dont les secrets font écho à sa propre vie.
Critique : Obsédante, cette lecture et surtout l’histoire de Sarah nous hante, en même temps que Julia, et il devient difficile de ne pas s’y plonger entièrement. Contrairement à beaucoup d’ouvrages sur la guerre, ce roman ne retrace pas seulement des événements passés. C’est aussi un roman ancré dans le présent, bouleversé par les découvertes sur la vie de Sarah.
Dans Paris occupé, Paule du Bouchet
Résumé : Dans son journal intime, Hélène raconte son quotidien de jeune fille pendant la guerre. Tout en traversant l’adolescence, elle aborde l’occupation et la résistance.
Critique : Court et écrit comme un journal intime, ce roman touchant se lit d’une traite. Une histoire qui parvient à aborder de nombreux sujets dans un style accessible à tous.
Le petit + : Si vous avez apprécié ce livre ou si vous êtes intéressé par la Première Guerre mondiale, je ne peux que vous conseiller Le journal d’Adèle, journal intime de la mère d’Hélène lors de la “Grande Guerre”.
La voleuse de livres, Markus Zusak
Résumé : La Mort a rencontré beaucoup d’individus, en particulier pendant la guerre. Cette orpheline, qu’elle surnomme La Voleuse de livre, a croisé son chemin à trois reprises. Et trois fois, elle a évité la mort. Ce roman, c’est son histoire.
Critique : À peine entamé, ce livre ne peut laisser indifférent. Markus Zusak fait le choix d’une narratrice hors du commun : la Mort. Sous son œil cynique mais tendre, l’histoire de Liesel n’en est que plus bouleversante. Sur un plan plus historique, ce livre dépeint la vie en plein cœur de l’Allemagne nazie à travers les vies de différents personnages, tout aussi marquants que le personnage principal.
Un détail. Vous allez mourir. Réaction au détail ci-dessus. Ça vous inquiète ? Surtout, n’ayez pas peur. Je suis quelqu’un de correct.
Markus Zusak
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