Les agences de presse sont apparues au cours du XIXème siècle et ont aujourd’hui un rôle central dans notre accès à l’information. En effet, la plupart des données que nous lisons sur les médias traditionnels proviennent directement de ces agences. Pour cause : les journaux, chaînes télé, radio et autres médias n’ont pas toujours les moyens nécessaires pour entretenir leur propres réseaux de renseignement. Les agences de presse pallient ainsi à cette problématique.
Les origines
En 1835, après avoir traduit pendant dix ans la presse étrangère, Charles-Louis Havas crée la première agence de presse au monde. L’ “Agence des feuilles politiques, correspondance générale” devient rapidement l’agence Havas. Elle se retrouve, au moment de la Monarchie de Juillet, en situation de monopole de l’accès à l’information de la presse parisienne. D’autres agences sont bientôt créées dans d’autres pays : l’américaine Associated Press en 1846, l’allemande Wolff en 1849, ou encore l’anglaise Reuters en 1951.
Ces quatre agences prennent vite une envergure internationale. Pour réduire les coûts et conserver leur position, elles signent le traité quadripartite des agences en 1875. Il répartit le monde entre les quatre entreprises, instaurant un véritable oligopole de l’accès à l’information mondiale. Il ne prend fin qu’en 1927, et aura laissé aux quatre signataires le temps nécessaire pour asseoir leur suprématie.
Carte de la répartition du Monde entre les différentes Agences de Presse, selon le Traité quadripartite de 1875. © Quentin à partir de la bibliothèque numérique de l’Unesco
Une mission bien définie
Les agences de presse ont donc pour mission de récolter des informations dans le monde entier, et de les distribuer le plus rapidement possible. Cette distribution se fait sous forme de dépêches, qui ont pour objectif d’être claires, neutres et concises. Pour cela, les agences disposent d’un grand nombre de journalistes, employés partout à travers le monde. A titre d’exemple, l’AFP (ou Agence France Presse) emploie plus de 2 400 collaborateurs à travers 151 pays. Ces informations sont ensuite revendues aux journaux, leur permettant d’économiser sur le coût d’envoyés spéciaux.
A cette fonction se joint donc une problématique de fiabilité de l’information. Chaque agence de presse s’impose des vérifications très pointues sur ses sources, anonymes ou non. Les agences doivent aussi s’assurer que leur manière de présenter l’information est la plus impartiale possible, débarrassée d’influences politiques ou idéologiques. En réponse à cette question de neutralité, l’AFP, héritière d’Havas, possède un statut particulier dans la législation française, assurant son indépendance idéologique et financière.
L’AFP : une agence au statut spécial
En 1957, alors qu’Havas a déjà disparu dans le tournant de la seconde guerre mondiale, l’AFP obtient un nouveau statut. L’entreprise est désormais : “un organisme autonome doté de la personnalité civile et dont le fonctionnement est assuré suivant les règles commerciales”.
L’AFP est donc soumise au droit et ne peut être possédée par des actionnaires (afin de rester indépendante). Son financement provient de la vente de ses informations (son activité principale) et de l’Etat français. Ce dernier la subventionne à hauteur de 110 millions d’euros par an, à travers des services et des abonnements qu’il ne peut résilier. Cette subvention, représentant 40% du chiffre d’affaire de l’entreprise, est justifiée par le fait que l’AFP remplit une mission d’intérêt publique. En effet, par la loi de 1957, celle-ci a le devoir d’assurer aux français un accès à l’information juste et en continu, indispensable au bon fonctionnement d’une démocratie.
Vers une possible remise en question du modèle ?
Avec l’essor d’internet, l’accès à l’information est de plus en plus facilité. L’instantanéité des communications et la multiplication des sources donnent de nouvelles opportunités aux médias. Ceux-ci ne sont plus obligés de payer les abonnements couteux des agences de presse, d’autant que les rédactions n’ont jamais brillées par leur capacité financière. Les crises économiques se succédant, certains journaux décident de résilier leur abonnement. Et ce, au détriment de la qualité des informations, parfois mal vérifiées.
En France, le financement de l’AFP par l’Etat inquiète aussi de nombreux observateurs. La critique porte ici sur la partialité de l’entreprise, qui dépendrait trop de l’Etat et pourrait être influencée. Cependant, cela n’a jamais put être réellement prouvé.
L’AFP et les agences de presse de façon générale restent cependant des sources d’informations fiables et précieuses. Leur poids dans l’accès à l’information et dans la lutte contre la désinformation est décisif, et elles demeurent indispensables au réseau informationnel mondial.
Pour accéder au site de l’AFP : https://www.afp.com/fr
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