
Identifier les bases essentielles dans l’éducation de son enfant :
Amour, Respect, Écoute et Protection: éléments indissociables de l’éducation
De tous les métiers, celui de parent pourrait être le plus complexe.
De plus en plus souvent, les médias font ressortir des tableaux en noir et blanc : les parents sont soit « bons » soit « mauvais ». Quel dommage ! La vie de famille est pourtant si riche en couleurs.
Comme pour la peinture qui se base sur les couleurs primaires pour développer toutes ses facettes, l’éducation d’un enfant peut prendre plusieurs voies en s’adaptant au contexte de vie de chacun. Pour autant, une base commune est indispensable à l’équilibre et au développement harmonieux de l’enfant : l’amour, l’écoute, le respect et la protection.
Sommaire
1.En premier lieu, il y a L’Amour…
Faites l’expérience autour de vous, demandez à plusieurs personnes de définir en une phrase le mot “Amour”. Vous trouverez des dizaines (voire des centaines) de définitions différentes. En Français on peut aimer ses enfants comme on aime le chocolat, en utilisant le même mot !
De ce constat, on peut comprendre que si il existe plusieurs façon de définir le mot “Amour”, il existe donc autant de “représentations mentales” de ce terme, ce qui crée, assurément bon nombre de problèmes. Car quand on ne parle pas de la “même chose” on ne peut pas se “comprendre” et faire parfois de mauvaises interprétations du vécu de “l’Autre”.
On pourrait croire qu’en précisant le type d’amour, on pourrait trouver un consensus sur sa définition. Voyons si cela peut fonctionner avec le sentiment d’amour qui nous intéresse ici qu’est : l’Amour maternel et paternel.
Qui n’a jamais vu dans un film, un reportage, une femme donnant naissance à son bébé, qui se retrouve, au premier corps à corps avec son enfant, inondée par son amour, un amour tellement immense, qu’il déborde dans des flots de larmes. À son côté, son conjoint qui devient père, son regard se perdant dans celui de son enfant, lui vouant dès les premières secondes un amour indéfectible.
Ne trouvez-vous pas ce tableau un peu sentimentaliste ? Personnellement, il me fait un peu penser au fameux “ils eurent beaucoup d’enfant et vécurent heureux” ?
Cette “image” pourrait être le parfait exemple d’une représentation possible de ce que vous définiriez comme l’Amour maternel et paternel. Mais parfois les choses ne se passent pas de la même façon, cela voudrait-il dire qu’une mère pourrait ne pas aimer son enfant ?
Oui, je sais, et je comprends, les levées de boucliers que cela implique. En effet, lorsqu’il est question d’amour, et encore plus, d’amour maternel, on touche, on frôle l’impensable, innommable: l’amour pour son enfant ne serait-il pas inné ?
Aussi inconcevable que cela puisse paraître, certains spécialistes, en s’appuyant sur leur clinique et des recherches scientifiques, pensent cela envisageable. Il serait possible que le sentiment d’amour ne se manifeste pas dès la naissance. ce sentiment pourrait se développer plus lentement au fil du temps.1
Toutefois, il n’est pas non plus question de parler de “non-amour”. En dehors de contexte psychopathologique très particulier, une forme d’amour est toujours présente chez le parent. Cette “forme” pourrait se traduire, en fonction des théoriciens, par plusieurs noms et concepts, comme la théorie de l’attachement ou de la préoccupation maternelle par exemple.
Les recherches au sujet du lien mère/enfant et dans une certaine mesure parent/enfant sont nombreuses. Parfois elles concordent, parfois elles s’opposent. Certaines théories mettent en avant des éléments biologiques, comme le rôle des hormones dans l’attachement; d’autres des éléments psychosociologiques, d’autres encore expliquent son développement et ses différences en fonction du contexte historique/culturel et/ou socio-économique.
Pour ma part, l’ensemble de ces théories, même si elles s’opposent parfois (et justement pour cette raison !); montrent à quel point il est inconcevable de juger le ressenti et le vécu d’une personne. Il existe autant de formes d’amour qu’il existe de définitions de celui-ci. Ces jugements et ces représentations créent de la culpabilité chez le parent qui ne se reconnaitrait pas dans les images véhiculées par la société sur la manière dont ses sentiments devraient s’exprimer.
La seule réalité à prendre en compte, est celle que la personne vit dans le moment présent; celui-ci étant une combinaison de son vécu personnel et d’un ensemble de systèmes imbriqués les uns aux autres (voir Éducation : Il n’y a pas UNE mais DES vérités ! #1).
Pour autant, lorsque l’on prend soin de se positionner en termes de besoin de l’enfant, toutes les théories et tous les professionnels s’accordent sur un fait : l’enfant a besoin de son parent pour vivre et se développer. L’enfant a besoin de son parent, sur le plan matériel bien sûr mais incontestablement sur le plan affectif.
[Il peut arriver, pour de nombreuses raisons liées au vécu personnel du parent, que le démarrage du lien entre un parent et son enfant soit difficile. Ce lien d’amour étant indispensable à l’évolution favorable d’un enfant, l’orientation vers un professionnel, qui prendra en charge, sans jugement, la famille sera précieuse et nécessaire au développement de l’enfant.]
L’attachement, la préoccupation maternelle, en définitive le sentiment d’Amour du parent envers son enfant est le fondement de toute forme d’éducation.
2.L’Écoute
Écouter n’est pas un synonyme d’entendre. L’action d’écouter nécessite une volonté de la part de celui qui reçoit le message.
- J’entends les pleurs de mon enfant => “Je” est en position de passivité vis à vis de la situation alors que;
- j’écoute les pleurs de mon enfant => “Je” est en position active /qui cherche à comprendre un problème.
Dans le cadre de l’éducation, lorsque l’on évoque le terme “écouter son enfant”, on fait souvent référence à la théorie de “l’écoute active”.
L’écoute active est un concept développé par le psychologue Thomas Gordon en 1975 à partir des travaux sur l’approche centrée sur la personne du psychologue américain Carl Rogers. Initialement conçue pour l’accompagnement de l’expression des émotions, l’écoute active diffère de la reformulation. Elle a pour objectif de chercher à décoder la dimension affective généralement non verbalisée.
Selon Thomas Gordon, la pratique de l’écoute active inclut au moins quatre éléments :
- un intérêt pour le message de la personne qui parle,
- un arrêt momentané du jugement,
- l’utilisation de paraphrases pour s’assurer de comprendre,
- et enfin une interaction à base de questions pour permettre à la personne de verbaliser sur ses pensées, ses croyances ou ses émotions.
Plus précisément, en ce qui concerne les enfants, l’écoute active, serait de mettre des mots sur les ressentis des enfants.
En effet, l’écoute active aiderait les enfants à réduire leur peur des sentiments “désagréables”.
Pour Thomas Gordon, Il vaut mieux “accepter les sentiments de vos enfants tels qu’ils sont, plutôt que de prendre l’approche directive qui consiste à tenter de se débarrasser du pleurnichage et des cris en essayant de rassurer ou de menacer l’enfant“. Les enfants ont besoin que les parents comprennent qu’ils éprouvent des sentiments pénibles et qu’ils se rendent compte de leur importance.
- Respecter les émotions des enfants : “Je vois que tu es en colère“
- Reformuler sans juger, ni intervenir : “Tu n’en as pas envie du tout“
- Accueillir l’émotion vécue par l’enfant : “Tu as eu peur !”
- Écouter avant de consoler : “Je vois que tu as mal“
- Écouter de l’intérieur ce que l’enfant est en train de vivre : “Tu hésites. Qu’est-ce que tu sens ?“
- Valider le vécu : “Tu as le droit de ne pas avoir envie, c’est vrai, tu préférerais continuer à jouer, je peux comprendre ça.“
Dans la théorie de l’Ecoute Active, les questions qui commencent par “Pourquoi ?” seraient à éviter.
Il peut être important de préciser que l’écoute active que l’on pourrait aussi appeler empathique n’est pas nécessaire en toutes circonstances. Mais elle est en revanche très utile pour aider les enfants à sortir d’une situation coincée ou pour accompagner un événement douloureux.
De plus, se mettre en position “d’écoute active” envers son enfant n’est pas chose aisée. Un parent, sera confronté à ses émotions personnelles qui pourront venir entraver ce processus et sa volonté d’accompagner (en écoutant) son enfant. Encore une fois, ne soyez pas trop dur envers vous-même et ne culpabilisez pas (voir site Workyt Éducation : Dire stop à la culpabilité ! #2), aucun parent n’est parfait 24h/24 et 365 jours par an; alors appuyez-vous sur vos jours de réussites et sur votre famille pour avancer dans votre parentalité.
3. Le Respect
Lorsque l’on parle de Respect, il me vient de suite en tête de vous parler du Respect des Droits de l’enfant.

La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), est un traité international, composé de 54 articles, adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989.
Elle met en avant quatre principes fondamentaux : la non-discrimination (art. 2) ; l’intérêt supérieur de l’enfant (art. 3) ; le droit de vivre, de survivre et de se développer (art. 6) ; le droit de l’enfant d’être entendu (art. 12, connu aussi comme la participation de l’enfant).
L’aboutissement de ce traité a permis de mettre en lumière le besoin de prendre en compte l’enfant en tant que personne à part entière, dans sa globalité.
Historiquement, le père de famille avait droit de vie ou de mort sur ses enfants.
Durant l’entre-deux-guerre, plusieurs pays se sont rapprochés afin de permettre une prise en compte des besoins des enfants.
Le 1er septembre 1924, est adoptée par la Société des Nations, une déclaration des droits de l’enfant, dite “Déclaration de Genève”. Cette déclaration est le premier texte international adopté. Elle ne comporte que 5 articles mais reconnaît pour la première fois des droits spécifiques pour les enfants.
Puis, il faudra attendre le 10 Décembre 1948 avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui reconnaitra que “la maternité et l’enfance ont droit à une aide spéciale”.
Enfin, Le 20 novembre 1959, l’assemblée générale des Nations Unies, adopte la Déclaration des droits de l’enfant.2
En 1979, les Nations Unies, déclarent une « Année internationale de l’enfant ». Cela permet la création d’un groupe de travail au sein de la Commission des Droits de l’homme qui aboutira, le 20 novembre 1989. L’ONU adopte alors la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) qui introduit notamment la notion d’« intérêt supérieur de l’enfant”.
La CIDE s’est imposée alors comme un texte de référence majeur du droit international.
Le Respect de l’enfant, passe par la reconnaissance de ses droits et de ses besoins. L’adulte est la personne qui a la responsabilité de veiller au respect de ces droits.
De cette responsabilité, arrive nécessairement des contraintes que tous les jeunes parents ont parfois du mal à accepter.
En effet, il m’est déjà arrivée d’entendre à la maternité du personnel expliquer aux nouveaux parents: “Ce n’est pas à vous de vous adapter à l’enfant; mais à l’enfant de s’adapter à votre façon de vivre” ! Ce conseil me fait tout simplement bondir!
Les parents doivent, en voulant devenir parents, comprendre et accepter que cela nécessitera obligatoirement des contraintes. Oui avoir des enfants est assurément en grand bonheur mais il ne faut pas perdre de vue que l’enfant est UNE PERSONNE à part entière et que nous nous devons, en tant qu’adulte de respecter ses besoins.
Je vois trop souvent des parents qui souhaitent continuer leur vie sans se priver et se “trimbalent” leurs enfants (plus ou moins petits) au restaurant tard le soir ou en soirée entre amis. Et que se passe t-il quand l’enfant manifeste un besoin naturel (pleurs liés à la fatigue, irritabilité, demande de l’attention…); le plus souvent ces enfants se retrouvent avec un téléphone/écran dans la main “pour les occuper”, et surtout faire en sorte que le parent puisse profiter de sa soirée.
Je comprends que cela puisse être difficile à entendre et à accepter mais un enfant a des besoins et le respect de son rythme en fait partie.
L’adulte, de par sa position, est forcément “supérieur” à l’enfant; il se doit, malgré les difficultés, de se positionner de manière à s’assurer que les besoins de son enfant seront respectés.
4. La Protection

Lorsque l’on évoque la “Protection de l’enfance”, la plupart des personnes pensent aux Services Sociaux.
Pourtant, il semblerait que l’on oublie souvent un élément essentiel qui est que le parent est le premier acteur de la protection de l’enfant.
Cette notion est évidemment indispensable. Car oui, le parent est la personne par laquelle la protection doit s’exercer. C’est le parent qui est l’adulte responsable du respect des droits de son enfant.
L’ensemble des professionnels, services, sont présents pour soutenir, informer, aider, soulager, accompagner le parent qui reste le responsable de son enfant3.
Protéger son enfant, n’est pas un synonyme de mettre son enfant “dans une bulle” pour lui éviter toutes les mésaventures qu’il rencontrera tôt ou tard dans sa vie.
Ici le terme “protection” fait référence au respect de ses besoins: par exemple, je ne peux pas éviter à mon enfant d’être triste après une rupture amoureuse mais je sais rester “présent” pour lui.
Le parent se doit donc de veiller à identifier et à accepter les besoins de son enfant. Il doit reconnaitre son enfant en tant que personne différente et extérieure à lui et non en tant que “possession”.
Dans le contexte actuel, en passant par la gestion des dérives du numérique4, aux divers pressions de la société vis à vis du contexte social, culturel et économique actuel, le rôle parental n’a jamais été aussi difficile.
Les doutes et les remises en questions sont indissociables de votre position en tant que parent. N’hésitez pas à partager vos inquiétudes autour de vous avec des personnes de confiance, cela vous permettra de réaliser que vous n’êtes pas seul(e) dans ce cas et qu’une issue favorable est toujours possible.
Sabrina,
Notes de bas de pages et Sources
- Isabelle Filliozat “Il n’y a pas de parent parfait” édition Poche Marabout.https://www.marabout.com/livre/il-ny-pas-de-parent-parfait-9782501139489/
↩︎ - https://fr.wikipedia.org/wiki/Assembl%C3%A9e_g%C3%A9n%C3%A9rale_des_Nations_unies ↩︎
- bien évidemment en dehors de cas de maltraitance grave, où l’Etat peut se substituer aux parents. ↩︎
- je reviendrais plus en détail sur le thème du numérique sur un prochain post ↩︎
- Site Wikipédia
- Livre “Parents Efficaces” de Thomas Gordon édition Poche Marabout – https://www.lesateliersgordon.org/les-livres-de-thomas-gordon
- Blog Emmanuelle Mallard – coach
- site Unicef https://www.unicef.fr/convention-droits-enfants/
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