Vaincre ou Mourir - Bande-annonce VF | Puy du Fou Films

4 raisons de voir le film Vaincre ou Mourir, produit par le Puy du Fou

A sa sortie, le film a reçu un accueil plutôt mitigé, assez controversé. Plus particulièrement, il a été critiqué sur sa vraisemblance historique. Qu’en est-il réellement ? Reconstitution historique plutôt fidèle de la Terreur en Vendée ou vision partielle de l’histoire ? Est-il recommandé d’aller le voir pour enrichir sa culture sur cette période charnière de notre Histoire ? L’avis d’une étudiante en Histoire sur le film en question.

A sa sortie, le film a reçu un accueil plutôt mitigé, assez controversé. Plus particulièrement, il a été critiqué sur sa vraisemblance historique. Qu’en est-il réellement ? Reconstitution historique plutôt fidèle de la Terreur en Vendée ou vision partielle de l’histoire ? Est-il recommandé d’aller le voir pour enrichir sa culture sur cette période charnière de notre Histoire ? L’avis d’une étudiante en Histoire sur le film en question.

Synopsis

Le film retrace l’engagement de François Athanase Charette de la Contrie, officier de marine, militaire et général royaliste vendéen, vivant dans le château de Fonteclose, près de la Garnache, pendant les guerres de Vendée. Débutant par son enrôlement à la tête d’une troupe de paysans lors du premier soulèvement de la Vendée en mars 1793, et s’achevant sur son arrestation suivie de son exécution, il retrace les moments clés de la vie du personnage. Il permet de saisir ses motivations et sa psychologie, et d’avoir un aperçu de l’organisation de l’armée catholique et royale entre 1793 et 1796. Au programme : de l’action avec des batailles, des retournements de situation, et une immersion au cœur de la Vendée militaire.

En tant qu’étudiante en Histoire, je recommande de voir ce film, si vous êtes passionné(e)s par l’Histoire, notamment par la Révolution française. Il est en effet intéressant par sa reconstitution historique proche des sources, et comporte pas mal de points forts.

Les 4 points forts du film:

Une vision immergée de la Terreur en Vendée

L’Armée catholique et royale de Vendée, constituée de paysans dirigés par des chefs nobles
Source :
Christine Tamalet | Puy du Fou studios

Si une vision partielle de la guerre de Vendée lui a été reprochée, c’est parce que l’Histoire est présentée à travers le regard du protagoniste Charette. C’est donc le point de vue d’un généralissime (lieutenant en chef) vendéen de l’Armée catholique et royale qui est adopté. Ce choix de la part des réalisateurs est compréhensible, le Puy du Fou étant en terre vendéenne.

Toutefois, on est loin d’une vision manichéenne de l’Histoire, où le camp des Républicains serait celui des méchants.

Au contraire, le film s’attache à montrer que tout n’est pas tout blanc ni tout noir d’un côté comme de l’autre. Ainsi, un des républicains se montre compatissant à l’égard des Vendéens, retirant son couvre-chef en signe de respect, sur la place où beaucoup ont été guillotinés.

Du côté des royalistes, le comte d’Artois, frère de Louis XVI réfugié en Angleterre, futur Charles X, qui devait apporter son soutien à l’Armée catholique royaliste lors du débarquement de Quiberon en juin 1795, est montré comme hypocrite, manquant à sa parole (le débarquement a finalement échoué), se contentant d’envoyer un « soutien à distance » à Charette.

Le film met donc en relief des attitudes à la fois compatissantes et répréhensibles des deux côtés. Le point de vue restitué permet de comprendre la vie des Vendéens sur cette période, les espoirs, les visées et réactions de l’Armée catholique et royale face aux évènements.

Le film présente aussi les figures marquantes de l’entourage de Charette, comme la comtesse Adélaïde de la Rochefoucauld, avec qui il aurait possiblement eu une liaison.

Le suivi de la chronologie

Le film met en évidence les temps forts historiques. Par exemple, il souligne le moment où les paysans sont venus chercher Charette pour en faire leur général. Les colonnes de Turreau sont évoquées tout comme les accords de la Jaunaye du 17 février 1795, conclus à Saint-Sébastien, reconnaissant alors la République comme principal interlocuteur de la Vendée en échange du retour du culte public. Sont aussi mentionnés l’échec du soutien de l’armée des émigrés britannique, la mort du jeune Louis XVII, dernier espoir de l’Armée catholique royale, les dernières résistances de Charette après l’abandon progressif de ses alliés, et la traque organisée par les Républicains dans les bois autour de son logis.

Le film s’achève sur l’arrestation du chef vendéen, le 23 mars 1796, et les derniers jours en prison avant son exécution le 29 mars 1796, qu’il a eu le privilège de diriger lui-même.

Le caractère de Charette

L’acteur Hugo Becker interprète François-Athanase Charette de La Contrie à l’écran – Puy du Fou Films

Le personnage de Charette est représenté plutôt fidèlement par rapport aux sources historiques du Logis de la Chabotterie (sa maison à Saint-Sulpice-le-Verdon, aujourd’hui ouverte au public). Son caractère humain, avec ses défauts comme ses qualités, est mis en avant. Ainsi, l’on retrouve le côté autoritaire, énergique, meneur d’hommes, mais aussi prompt à la colère et aux débordements. Son aspect plus sensible s’exprime lors de la perte de membres de son armée. L’orgueil et l’ambition du protagoniste sont aussi bien soulignés.

Des données historiques rigoureuses

A mon sens, le film dramatise moins l’épisode de la Terreur en Vendée que ne le fait le spectacle du Dernier Panache. Il est même dit au tout début que les Vendéens n’étaient pas forcément hostiles à la Révolution et aux principes proclamés en 1789. Les différents facteurs comme les brimades contre la religion catholique, l’exécution de Louis XVI, la levée en masse de 300 000 hommes pour combattre les armées européennes coalisées, ayant conduit à l’insurrection vendéenne le 12 mars 1793, sont évoqués. L’horreur des massacres commis est tangible, mais n’est pas dramatisée outre mesure.

Le nombre de morts donné, estimé à environ 200 000 Vendéens sur la période 1793-1796, est en accord avec les recherches récentes du Centre Vendéen de Recherches Historiques (CVRH) (cf lien vers leur site : https://www.histoire-vendee.com/a-propos/), qui a donné comme dernier chiffre, 170 000 du côté vendéen contre 20 000 chez les Républicains. Le chiffre est donc proche du dernier actualisé par les historiens du CVRH dans Détruisez la Vendée, alors que Le Dernier Panache tend à le gonfler à 300 000 morts vendéennes.

En outre, le film n’impose pas le terme de « génocide » pour parler de l’épisode des massacres de la Terreur en Vendée. Plus que de trancher la question « génocide/pas génocide », on sent une volonté de montrer le vécu des évènements par les personnages pris dans leur cours, dans leur enchaînement.

Le film s’attache plutôt à raconter les faits, à représenter ceux-ci, qu’à en tirer une morale. L’approche historique est donc événementielle, non conséquentialiste. L’intervention de différents historiens dans les quelques minutes de préambule, comme l’historienne Anne Rolland-Boulestreau, auteure de l’ouvrage Les Colonnes Infernales, et Reynald Seycher, qui trouvent tous les deux plus fécond de parler de « mémoricide » pour l’omertà sur cette période sombre de la Révolution, montre bien un refus d’imposer une vision ultérieure de l’Histoire, mais plutôt une volonté de laisser les évènements parler d’eux-mêmes.

Ce qui aurait pu être davantage évoqué

Le rôle des autres généraux vendéens

L’Armée catholique et royale était en fait subdivisée en différentes troupes commandées par des généraux nobles, réparties sur l’ensemble de la Vendée militaire. L’union de l’ensemble de ces troupes était réalisée par le lieutenant en chef ou généralissime. Charette est promu généralissime par le futur Louis XVIII en juillet 1795.

Il est dommage que le rôle de d’autres généraux comme Cathelineau, D’Elbée, et Stofflet en Anjou, Bonchamps, ou La Rochejacquelein en Vendée, ne soit pas davantage évoqué, ainsi que leurs liens avec Charette.

Après la défaite à Savenay, le 23 décembre 1793, l’Armée catholique royale est anéantie. Elle n’est plus composée que des troupes de Charette et de Stofflet. Certes, le film est centré avant tout sur Charette, mais il aurait pu aussi mentionner cet autre personnage, important par son rôle du côté du Maine-et-Loire, qui ne s’entendait pas du tout avec Charette.

Stofflet est en effet l’un des derniers généraux vendéens à résister avec Charette. Les deux hommes ont chacun continué le combat de leur côté. Refusant les accords de la Jaunaye en février 1795, Stofflet signe une paix séparée avec la République à Saint-Florent le Vieil, le 2 mai 1795. Après avoir repris les armes en janvier 1796, il est arrêté en février, et exécuté à Angers.

Huile sur toile de Thomas Drake, xixe siècle
Jean-Nicolas Stofflet

Il aurait aussi été intéressant de montrer les relations qu’entretenait Charette avec les autres généraux, qui n’étaient pas simples étant donné sa tendance à faire cavalier seul. Sa fière indépendance aurait pu apporter un plus dans la représentation du personnage.

Cela dit, le film fait une bonne reconstitution historique des évènements, et vaut donc le coup d’être vu.

Conclusion

Pas trop long et fidèle à la réalité historique, ce film peut très bien compléter vos cours sur la Révolution, qui s’attardent généralement peu sur les guerres de Vendée.

Pour aller plus loin sur les guerres de Vendée

Ci-dessous, un petit listing des sites culturels et religieux sur les guerres de Vendée avec le lien vers leurs pages respectives. Si jamais vous voulez approfondir vos connaissances sur la Vendée militaire, n’hésitez pas à y faire un tour.

J’espère que cet article vous aura donné envie de voir Vaincre ou Mourir. N’hésitez pas à commenter vos impressions sur le film.

En complément, les références bibliographiques mentionnées plus haut :

  • Anne Rolland-Boulestreau. Les colonnes infernales. Violences et guerre civile en Vendée militaire (1794-1795). Paris, Fayard, 2015, 335 p.
  • Jacques Hussenet. Détruisez la Vendée ! Regards croisés sur les victimes et destructions de la guerre de Vendée. La Roche-Sur-Yon, CVRH, 2007, 634 p.