Souvent, avant que nous ou nos enfants nous lancions dans une activité physique, nous nous posons la question suivante : ce sport, cette activité physique est-elle bénéfique pour la santé ? Dans le texte qui suit, je vais tenter de répondre à cette question dans le contexte du karaté et je décrirai brièvement, selon moi, les défauts posturaux qu’il peut corriger.
Sommaire
Le karaté a plus d’un nom
Au début d’une discussion sur le karaté, il convient bien sûr de mentionner qu’il en existe de nombreuses variantes. L’art de se battre « à mains nues » (sans armes) est arrivé de Chine à Okinawa, puis au Japon, et enfin en Amérique, en Europe et dans le reste du monde. Il est apparu en France dans la seconde moitié du XXe siècle. Selon le site de la Fédération Française de Karaté, cet art
consiste en l’utilisation de techniques à la fois offensives et défensives faisant appel à toutes les parties du corps : mains, pieds, etc. Le karaté est le produit d’une histoire riche, avec de très nombreuses variations liées aux diverses cultures et époques. Sa spécificité, parmi les grands budo, est d’avoir gardé toutes les traces de son histoire dans une forme plurielle. Il existe ainsi une grande variété de styles et d’écoles qui en font sa richesse.
À la recherche de polyvalence
À ce stade, il convient de mentionner les personnes clés, l’instructrice et l’instructeur. En fin de compte, ce sont leurs connaissances et leurs compétences qui détermineront si un cours de tel ou tel style de karaté sera bénéfique. Bien entendu, les cours de karaté ne remplissent pas la même fonction que la gymnastique corrective, mais dans le cas de cet art martial, comme dans celui de toute autre activité physique, l’enseignante et l’enseignant peuvent avoir des connaissances de base sur les dysfonctionnements musculosquelettiques et être en mesure soit de suggérer des exercices simples pour contrer un phénomène donné, soit au moins d’alerter la personne concernée et de lui suggérer de consulter des spécialistes.
Arts martiaux et kinésithérapie
Examinons maintenant le karaté lui-même dans le contexte de son potentiel kinésithérapique. Au début de la réflexion sur les propriétés du karaté qui influencent positivement le développement du corps des pratiquantes et des pratiquants, il convient de noter qu’il s’agit d’un art vieux de plus de mille ans. Au cours de cette longue période, il a subi de nombreuses modifications qui ont rendu les positions et les techniques qu’il contient de plus en plus ergonomiques et conformes à l’état actuel des connaissances de l’anatomie humaine.
Par conséquent, le karaté est en principe une forme d’expression gestuelle très bénéfique pour la santé. Ceci a également été influencé par le fait que cet art martial s’est répandu en tant que sport, également pratiqué pour la compétition. S’il est vrai que tout sport professionnel met le corps de l’athlète à rude épreuve, les solutions qui sont censées améliorer les performances des athlètes sont également avantageuses pour l’amateur moyen.
Les spécificités kinésithérapiques du karaté
- S’entraîner pieds nus. Cela a un effet positif sur la capacité à répartir correctement le poids du corps sur trois points du pied : le talon et les têtes du premier et du cinquième métatarsien. Mais il y a un détail très important : si un(e) adepte du karaté présente un défaut au niveau du pied (pied plat longitudinal ou transversal) ou des articulations de la cheville, il y a un risque d’aggravation de ce défaut. Pour éviter cela, la personne qui enseigne le karaté doit veiller au positionnement correct de l’articulation du pied et de la cheville – de manière à ce qu’il soit actif, c’est-à-dire que la voûte plantaire soit visible et que le genou soit orienté dans la même direction que les orteils.
- Adopter différentes positions debout. Il s’agit de positions traditionnelles plus ou moins longues, depuis celles où les pieds sont joints jusqu’à celles où la distance entre eux est supérieure à un mètre. Cela permet, d’une part, d’apprendre le positionnement correct des pieds – les pieds et les genoux du pratiquant doivent être alignés dans la direction du mouvement. D’autre part, elles permettent d’apprendre le transfert du centre de gravité et, par voie de conséquence, la bonne tension des muscles profonds responsables d’une posture droite.
- Veiller au bon alignement de la colonne vertébrale. Dans la pratique, le plus souvent, on dira simplement à son élève de se redresser si celle-là ou celui-ci est penché en avant, en arrière ou sur le côté. En effet, un coup de poing, un blocage ou un coup de pied exécuté dans une position penchée sera d’une part moins efficace, car il n’est pas techniquement parfait, et d’autre part il mettra la colonne vertébrale d’un ou d’une karatéka en danger. Ainsi, un ou une sensei conscient de l’existence des courbures de la colonne vertébrale pourra analyser la posture d’un pratiquant particulier qui répète sans cesse la même erreur et constater qu’il s’agit d’un des défauts de la colonne vertébrale et le signaler.
- Apprendre à contrôler sa respiration. Pour que les techniques de karaté soient efficaces, il est essentiel de maîtriser la respiration. Cela peut se limiter à l’ordre d’expirer lors de la frappe, mais ce n’est qu’un début. Le ou la karatéka doit être capable de contracter correctement les muscles profonds du centre du corps, de manière à maintenir une tension correcte pour permettre une exécution sûre et efficace des techniques, soutenue par une légère tension des muscles de l’abdomen, des fesses, du plancher pelvien et du diaphragme. Le travail de ces muscles est assez difficile et nécessite un entraînement. La maîtrise de la respiration acquise grâce à l’entraînement aura certainement un effet positif sur la réduction du stress dans la vie quotidienne en dehors du dōjō.
- Maintien d’un bon tonus musculaire. En karaté, nous apprenons à tendre et à relâcher alternativement nos muscles : les techniques des coups de pied, les blocages, les coups de poing et la prise d’une position debout donnée l’exigent. En termes simples, il s’agit de savoir tendre certains muscles quand d’autres sont détendus. Cela a un effet bénéfique sur les corps fatigués par la position debout ou assise imposée quotidiennement.
- Des exigences techniques élevées. On reproche parfois à l’art du karaté une trop grande variété de positions debout, de blocages, de coups de poing, de coups de pied, etc. En réalité, il convient de noter que la maîtrise de ces mouvements, d’abord sous forme de kihon, c’est-à-dire l’apprentissage des techniques de base, puis de kata, c’est-à-dire leur combinaison dans des enchaînements de mouvements contenant diverses combinaisons d’autodéfense, constitue un très bon entraînement pour la formation de la coordination neuromusculaire et des qualités motrices telles que la vitesse, l’endurance, la force, la capacité de coordination et la souplesse.
- Des étirements musculaires réguliers. Alors que dans les arts martiaux où le jeu se déroule au sol (judo, lutte, jiu jitsu brésilien… ), cet élément de l’entraînement est parfois négligé, il est essentiel dans le karaté. Après tout, sans étirements appropriés, nous ne serons pas en mesure d’exécuter correctement et efficacement des coups de pied dans les zones supérieures. En général, les étirements ont lieu à la fois pendant l’échauffement, lorsque des étirements dynamiques sous forme de balancements sont effectués, et dans la dernière partie de l’entraînement, lorsque des étirements statiques sous forme de diverses flexions. Ces dernières permettent d’étirer non seulement les muscles des jambes, mais aussi ceux de la colonne vertébrale et des membres supérieurs.
Examen réussi
La liste des raisons pour lesquelles il est intéressant de pratiquer le karaté pourrait être beaucoup plus longue, tant dans le cadre de l’amélioration du mouvement que dans d’autres domaines de la vie humaine sur lesquels il pourrait avoir un impact positif. Il suffit de mentionner ici les compétences sociales, éducatives ou culturelles sur lesquelles le karaté peut avoir une influence favorable. Cependant, dans ce texte j’ai mis en évidence les caractéristiques de cet art qui, combinées dans un seul domaine d’expression du mouvement, constituent sa spécificité.
Il convient de noter que ce n’est pas seulement une ou un sensei, ayant plusieurs d’élèves sous son aile, qui est responsable du bon développement physique de ses disciples. Rien n’empêche de consulter régulièrement – ne serait-ce qu’une fois par an – des spécialistes qui aideront à bien identifier et corriger la posture des enfants ou restaurer les fonctions corporelles perdues des adultes.
Bibliographie:
- Starrett Kelly, Cordoza, Glen, Deskbound. Standing Up to a Sitting World. Victory Belt Publishing, 2016.
- Pallardy, Pierre, Plus jamais mal au dos. Éditions Fixtot, 1988.
- Funakoshi, Gichin, KARATE-DŌ : ma Voie, ma Vie. Budo Eds, 2007.
- Fédération Française de Karaté : site internet.
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