Manifestation en soutien à Israël, à Paris, le 9 Octobre 2023 © Nicolas Aubert

Guerre Israël-Hamas 2023 : Qu’en pensent nos politiques ?

Le 7 Octobre 2023, Israël est victime d'attaques terroristes, tuant plus d'un millier de civils et conduisant à l'enlèvement et la détention en otage de centaines d'autres. En conséquence, Israël rapplique et déclare la guerre au Hamas, l'organisation ayant perpétré ces attaques. Le 9 Octobre 2023, s'élance à Paris une manifestation en soutien à Israël, à laquelle nombre de personnalités politiques françaises participent.

Le 7 Octobre 2023, Israël est victime d'attaques terroristes, tuant plus d'un millier de civils et conduisant à l'enlèvement et la détention en otage de centaines d'autres. En conséquence, Israël rapplique et déclare la guerre au Hamas, l'organisation ayant perpétré ces attaques. Le 9 Octobre 2023, s'élance à Paris une manifestation en soutien à Israël, à laquelle nombre de personnalités politiques françaises participent.

Manifestation de soutien à Israël.
Plusieurs personnalités politiques, dont Yaël Braun Pivet ou Valérie Pécresse, à la manifestation en soutien à Israël le 9 Octobre 2023.
© Nicolas Aubert

Le 9 octobre 2023, à 18h30, s’élançait de la place Victor Hugo jusqu’au Trocadéro, un cortège composé de milliers de manifestants dénonçant les attaques terroristes sur Israël. Aux cris de “Israël vivra, Israël vaincra” ou encore “Tout le monde déteste le Hamas”, sans oublier les pancartes provocatrices dénonçant les “nazislamistes” ou comparant ces attaques à celles du 13 Novembre 2015, la foule avançait dans les rues du XVIᵉ arrondissement de Paris. Parmi elle, de nombreuses figures de la politique française : Manuel Valls, ancien Premier Ministre, Éric Ciotti, Président des Républicains, Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée Nationale, ou encore Valérie Pécresse, Présidente de la Région Île-de-France et ancienne candidate à la présidentielle, sans oublier Nicolas Sarkozy et tant d’autres. Le tout autour de Yonathan Arfi, Président du Crif, le comité organisateur de cette marche.

Mais alors, est-ce une simple solidarité ponctuelle ou un réel soutien à la cause israélienne ? Quelle est la véritable opinion de nos politiques sur ce nouveau conflit ?

Yaël Braun-Pivet : De légères différences au sein de la majorité ?

Yaël Braun-Pivet, au premier rang, aux côtés de Valérie Pécresse, lors du rassemblement du 9 octobre 2023. © Nicolas Aubert

Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, s’est récemment rendu pendant 24 heures, le 21 octobre, à Tel Aviv, ville reconnue comme la capitale d’Israël par l’ONU. Sur place, elle y a exprimé son “soutien inconditionnel” à l’État hébreu. Ces mots, jugés comme des mots forts, n’ont certainement pas manqué de faire réagir bon nombre de personnes.

Toutefois, la position de Yaël Braun-Pivet, bien qu’elle soit très clairement en faveur de l’État hébreu, est loin d’être extrémiste. Sur place, celle qui est aussi députée des Yvelines a clarifié ses propos. Ces derniers la placent alors finalement loin de l’adjectif “inconditionnel” qu’elle avait employé légèrement plus tôt. La présidente de l’Assemblée nationale a notamment insisté fortement sur la condition des civils palestiniens vivant dans la Bande de Gaza, siège du Hamas.

« Ce qui est important c’est que les populations civiles qui se trouvent à Gaza soient le moins possible victimes de ce conflit. Mais on sait aussi qu’elles servent souvent de bouclier humain. Il faut les préserver bien sûr, mais rien ne doit empêcher Israël de se défendre. »

Yaël Braun-Pivet, après s’être rendue à Tel-Aviv avec d’autres députés.

Cette position aussi claire n’est cependant pas partagée par son parti, et particulièrement par Élisabeth Borne, Première Ministre, qui a quant à elle, appelé à une “trêve humanitaire”, le 24 octobre au Sénat, visant à déployer une aide à Gaza, victime de la défense d’Israël face aux actes du Hamas. Cette prise de position semble venir contredire celle de Yaël Braun-Pivet, partisane du droit de l’état hébreu à se défendre.

Élisabeth Borne : « Israël ne doit pas tomber dans le piège du Hamas ».

Elisabeth Borne, lors d’un discours au Palais du Luxembourg, mardi 24 octobre 2023.

Manuel Valls : un soutien de longue date de la cause israélienne

Manuel Valls, aux côtés du Président du Crif, à la manifestation
© Nicolas Aubert
Manuel Valls, très proche de la foule,
Place du Trocadéro, le 9 octobre.
© Nicolas Aubert

Ancien Premier ministre socialiste sous François Hollande, de 2014 à 2016, il a été depuis longtemps un soutien de ce pays. Déjà en 2021, ce dernier affichait sur Twitter son “soutien à Israël et [sa] solidarité avec les israéliens face [au] Hamas”. Il appelait la France à reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu.

Encore plus tôt, en 2016, le journal l’Opinion qualifiait Manuel Valls d'”ami” de l’État hébreu.

Plus récemment, l’ancien Premier ministre s’est, lui aussi, rendu sur place, le 15 octobre 2023 pendant deux jours. Il était accompagné de députés français pour y apporter un message de solidarité de la part de notre pays. À son retour, Manuel Valls a livré un témoignage poignant sur la situation sur place.

“J’ai vu l’horreur” dit-il, avant de continuer en disant , “La paix ne pourra se faire sans l’élimination du Hamas”.

Manuel Valls

Ainsi, de par ses nombreuses prises de parole, et cela, depuis de longues années, la position de Manuel Valls à ce sujet est clairement tranchée.

La France Insoumise : Les grands absents qui causent des tensions à gauche

Alors que des socialistes, dont Ségolène Royal, ont participé à ce rassemblement le lundi 9 octobre, la France Insoumise (LFI), absente de la marche, s’est affichée en soutien aux manifestations propalestiniennes. Ajouté à cela son refus depuis le début du conflit de qualifier de façon claire le Hamas d’organisation terroriste, la prise de position du parti de Jean-Luc Mélenchon s’est avérée davantage contre-productive, menant entre autres à la fission d’une gauche pourtant unie, en apparence.

En effet, le Parti Socialiste (PS) a annoncé suspendre sa participation à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES), au travers d’un moratoire voté dans la nuit du 18 octobre 2023. Au-delà, les espoirs d’une liste commune de la gauche, incluant La France Insoumise sont aujourd’hui réduits au point mort. Alors, certains y voient déjà un “après-nupes” sans le parti LFI, et sans la figure emblématique de ce parti, Jean-Luc Mélenchon.

Et cette situation ne semble pas près de s’arranger pour la NUPES, pourtant désignée comme l’avenir de la gauche française dès sa création en 2022. Effectivement, les prises de parole récentes de certains membres de LFI ont contribué à enterrer cette union. Des élus LR et Renaissance (le parti présidentiel) réclament même sa dissolution.

Danièle Obono (LFI) « C’est (le Hamas) un mouvement de résistance qui se définit comme tel »

Danièle Obono, députée LFI à l’Assemblée Nationale
Danièle Obono,
sur le site de l’Assemblée Nationale

Le 17 octobre 2023, Danièle Obono, invitée par la station de radio généraliste d’informations Sud Radio, a tenu face à Jean-Jacques Bourdin des propos très rapidement dénoncés et qui ont largement fait débat. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a alors annoncé saisir le procureur de la République, qualifiant les paroles de Danièle Obono d'”apologie du terrorisme”.

Mais tandis que ses propos étaient au centre d’un débat médiatique, la députée les a réitérés et défendus via un post sur le réseau social Twitter.

Ainsi, bien que tentant de jouer une stratégie clairement affichée, La France Insoumise semble davantage marcher seule. Mais cette situation ne pourrait-elle pas se retourner contre elle ?

Rédacteur Cours et Blog pour Workyt. Élève en 1ère International Chinois (BFI) au lycée Janson-de-Sailly (Paris 16e).