Mali : comment les tensions entre Peuls et Dogons déchirent le pays

Les tensions entre Peul et Dogon , renforcé depuis 10 ans par le réchauffement climatique, la pression démographique et la formation de groupe d'autodéfense plonge le Mali dans une grave crise.

Les tensions entre Peul et Dogon , renforcé depuis 10 ans par le réchauffement climatique, la pression démographique et la formation de groupe d'autodéfense plonge le Mali dans une grave crise.

Les tensions entre Peuls et Dogons s’ajoutent aux nombreuses difficultés que rencontre le Mali, un pays déjà touché par l’extrême précarité.

Aux origines de la rivalité

Le Mali est composé d’une mosaïque de peuples différents. Par exemple la capitale, Bamako, rassemble les peuples Touaregs, Dogons et Peuls.

Généralement agriculteurs, les Dogons vivent dans les plaines du Mali. A l’inverse, les Peuls sont des éleveurs et pasteurs qui évoluent dans les zones arides au delta du fleuve Niger. Certains se sont installés dans les villes, mais d’autres pratiquent l’élevage de manière intensive et parcourent de longues distances pour assurer la survie de leur bétail. Lors de ces déplacements, ils entrent régulièrement en conflit avec les agriculteurs dogons.

En effet, les Dogons accusent fréquemment les Peuls de dévaster leurs champs ainsi que de détruire leurs récoltes nécessaires à l’entretien du bétail. Ces accusations sont sources de tension récurrentes entre les deux communautés.

Des tensions exacerbées par le réchauffement climatique ainsi que la pression démographique

Les violences entre Peuls et Dogons se concentrent dans la région de Mopti. C’est une région où la population augmente très fortement, entraînant dans son sillage une pression sur les ressources. Effectivement, le Mali possède l’un des taux de fécondité les plus élevés au monde avec, en 2018, plus de six enfants par femme.1 En parallèle, il est aussi l’un des pays les plus pauvres au monde ce qui accroît inévitablement les tensions.

Dans la région de Mopti, ces deux grands peuples vivent d’échanges de leurs denrées, se complétant les uns les autres. Les Peuls apportent le lait et le fumier ; les Dogons, toutes les denrées alimentaires cultivées. L’écosystème local rend donc chaque communauté dépendante des autres.

Cependant la sécheresse et la désertification ont contraint les éleveurs Peuls à se déplacer sur les terres des agriculteurs Dogons. En conséquence, cela entraîne une importante lutte pour les terres fertiles.

Une rivalité qui se transforme en conflit armée

En 2015 est apparu un groupe djihadiste mené par le prédicateur Amadou Koufa. Ce dernier, issu du peuple Peul, n’hésite pas à mettre en avant ses origines pour lancer une vague de recrutement parmi les Peuls. Très rapidement, il acquiert une grande notoriété.

Le 8 novembre 2018, Amadou Koufa publie une vidéo où il exhorte les Peuls de tous les pays d’Afrique à l’insurrection.

Dans le même temps, des groupes de défense commencent à se former, l’Alliance pour le salut au Sahel côté Peul en 2018, Dan Na Ambassagou (« les chasseurs qui se confient à Dieu ») côté Dogon en 2016.

Cet essor des groupes armés entraîne inévitablement des attaques armées. Par exemple, en 2019, 134 Peuls ont été tués par un groupe de chasseurs Dogon.

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Image de couverture : Photo De Personnes Marchant à L’extérieur · Photo gratuite (pexels.com)

  1. Démographie du Mali. (2022, octobre 23). Wikipédia, l’encyclopédie libre. Page consultée le 2 septembre 2023 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=D%C3%A9mographie_du_Mali&oldid=198032260. ↩︎